On estime à 4 millions le nombre de personnes en France pensant être atteintes du syndrome de l’intestin irritable alors qu’elles pourraient être atteintes en fait du SIBO, pathologie encore trop méconnue. Et pour cause, les symptômes en sont très similaires.
Quels sont les symptômes du SIBO ? Une digestion douloureuse ou désagréable, des ballonnements, un gonflement du ventre, une sensation de fatigue intense, voire des douleurs articulaires.
Mais alors, comment identifier le SIBO et comment traiter cette maladie ?
Si vous vous posez les questions suivantes :
- Comment soigner ou guérir le SIBO ?
- Quels sont les symptômes du SIBO ?
- Comment traiter le SIBO ?
- Comment diagnostiquer ou détecter le SIBO ?
- Comment soigner le SIBO naturellement ?
- Quoi manger et quelle alimentation quand on a un SIBO ?
Alors, vous trouverez un maximum de réponses dans cet article pour recouvrer la santé.
Le SIBO, c’est quoi ?
Le SIBO ou « Small Intestinal Bacterial Overgrowth » se définit comme une prolifération excessive de bactéries au niveau de l’intestin grêle. Cette colonisation bactérienne cause des troubles digestifs plus ou moins douloureux et incommodants car, contrairement au côlon, l’intestin grêle héberge normalement très peu de bactéries. La mission principale de cet organe étant d’absorber les nutriments issus de la dégradation des aliments, les bactéries qui y prolifèrent en cas de SIBO, créent une fermentation des aliments non digérés, laquelle est à l’origine de gaz en quantité trop importante par rapport à la normale. Ce sont des bactéries à Gram négatif (Escherichia coli, ..) et Gram positif (Enterococcus spp, Streptococcus, ..).
Toutefois, on retrouve de plus en plus associé au SIBO, le terme IMO, pour « Intestinal Methanogen Overgrowth », qui correspond également à une prolifération, mais cette fois d’archées, qui sont d’autres micro-organismes du microbiote, avec les bactéries et les champignons, et qui sont producteurs de méthane. On les appelle des méthanogènes et on les retrouve souvent dans les situations de spectre du syndrome de l’intestin irritable avec constipation, par exemple.
On peut aussi entendre parler de LIBO (Large Intestine Bacterial Overgrowth) et dans ce cas, on se réfère à une pullulation localisée dans le gros intestin (ou côlon), mais cette pullulation est surtout associée à un excès de méthane et dans ce cas, on parle donc aussi de IMO.
Quels sont les symptômes liés au SIBO / IMO ?
Même si le SIBO peut parfois être asymptomatique, les principaux symptômes possibles que l’on va retrouver dans le SIBO sont :
- des reflux gastro-œsophagiens,
- des flatulences,
- des douleurs abdominales,
- des douleurs articulaires,
- des spasmes digestifs,
- des nausées, des vomissements,
- des gaz et éructations,
- des glaires dans les selles,
- des diarrhées et/ou de la constipation.
Dans certains cas, le SIBO peut s’accompagner de :
- dépression,
- sensation d’angoisse,
- difficultés de concentration, brouillard ou flou mental,
- de stress
- ou souvent d’une perte de poids.
Causes et conséquences du SIBO/IMO
Cette pathologie digestive est, par ailleurs, souvent la cause de carences nutritionnelles, par le fait que la prolifération des bactéries enflamment et endommagent la muqueuse intestinale, réduisant ainsi l’absorption des nutriments (fonction principale de l’intestin grêle), dont les acides gras et les vitamines.
En effet, le SIBO conduit à une activité non-optimale de la fonction biliaire, car les bactéries en excès se mettent en compétition avec les oméga-3 et les acides gras aux propriétés anti-inflammatoires. En parallèle, un déficit en vitamine B12 et en fer peut être constaté, conduisant à une anémie mégaloblastique ou microcytaire, à des troubles cognitifs, à une sensation de fatigue, voire à une dépression.
En cas de SIBO, la muqueuse de l’intestin grêle est envahie par certaines bactéries qui ne devraient s’y trouver qu’en une certaine quantité. Créant ainsi une dysbiose, ces dernières déséquilibrent le microbiote, endommagent le mucus protecteur et génèrent une inflammation intestinale par cette production excessive de gaz pouvant être irritant, et par la fermentation et putréfaction qu’elle entraîne dans les intestins.
Cela provoque une augmentation de la perméabilité intestinale, laquelle favorise, entre autres, le passage des fragments bactériens et des peptides alimentaires vers le sang. En déclenchant une réaction du système immunitaire, le SIBO à travers une hyperperméabilité intestinale, peut alors être associé à des migraines, à un syndrome métabolique, à des maladies cardiovasculaires, à une intolérance à l’histamine, ou à l’obésité, mais également des manifestations allergiques et des intolérances alimentaires.
La corrélation entre le SIBO et le diabète, se traduit quant à elle, par une perturbation du complexe migrant moteur (CMM). Si un organisme sain effectue une vidange régulière de l’intestin grêle vers le côlon, toutes les 90 à 120 minutes, une altération du CMM conduit à une perturbation de la motricité intestinale, qu’elle soit générée par une infection bactérienne comme le SIBO ou par une neuropathie diabétique affectant le nerf vague.
Le SIBO peut également être expliqué par une hypochlorhydrie, soit une diminution de l’acidité de l’estomac. Et pour cause, l’acidité normale de l’estomac tue la majorité des bactéries des aliments et empêche toute pullulation intensive bactérienne.
En cas d’hypochlorhydrie suite à la prise de médicaments de type IPP (inhibiteurs de la pompe à protons) et autres traitements de reflux gastro-œsophagiens, l’estomac peine à pré-digérer les aliments, compte tenu de la baisse d’acidité. Les bactéries ont alors tout le loisir de proliférer au niveau de l’intestin grêle.
L’insuffisance de production d’enzymes pancréatiques ainsi que l’insuffisance biliaire, peuvent aussi être à l’origine du SIBO. Dans ces cas, soit les aliments, dont ceux de type glucidiques, ne sont pas suffisamment découpés (qui vont alors fermentés et provoqués des gaz), soit le déficit en bile tend à ralentir le transit intestinal provoquant de la constipation puis de la fermentation associée à de la putréfaction (ce qui induit des gaz malodorants). Ces inflammations et la dysbiose conséquente au niveau du côlon, peuvent ainsi également provoquer des diarrhées.
On peut également retrouver des glaires dans les selles, dues à une hypersécrétion de mucus dans le côlon, qui témoigne aussi d’une inflammation intestinale.
Entre autres causes du SIBO, nous trouverons aussi des opérations chirurgicales de l’appareil digestif, les MICI, la dyspepsie, le diabète, la pancréatite, l’intoxication alimentaire…
Le stress et la fatigue figurent parmi les symptômes du SIBO, mais ils peuvent aussi en être l’origine. En effet, le stress réduit l’afflux sanguin au niveau de l’intestin. Etant moins oxygéné que nécessaire, l’intestin a alors du mal à fonctionner correctement et à se réparer en cas de lésion. Bien au contraire, les lésions déjà existantes peuvent s’élargir suite à une hyper contraction cellulaire. Sous stress, l’hypochlorhydrie est aussi fréquente, réduisant au passage l’acidité de l’estomac et une élimination bactérienne suffisante.
En altérant la motilité intestinale, le stress agit sur le nerf vague et favorise la pullulation bactérienne causée par un processus de digestion inachevé. En diminuant la production de mucus protecteur, le stress peut aussi favoriser la prolifération de bactéries au détriment de bactéries plus bénéfiques, comme les Lactobacilles et Bifidobactéries. Enfin, un état de stress diminue le taux d’immunoglobulines comme l’igA, responsables de l’immunité intestinale. Cette baisse immunitaire rend alors plus vulnérables aux infections, qu’elles soient virales ou bactériennes, mais également à la prolifération du Candida Albicans.
Le SIBO est généralement associé à une hygiène de vie (gestion du stress, sommeil et alimentation) inadaptée. C’est notamment le cas chez les personnes qui favorisent une alimentation beaucoup trop riche en glucides fermentescibles. Cela concernent notamment les sucres simples ou monosaccharides, dont le fructose du sucre de table, le sirop de glucose-fructose, le miel et les fruits. Les disaccharides sont également des aliments fermentescibles et sont présentes principalement dans le lactose ou sucre du lait, comme le lait, le yaourt, ou les fromages peu fermentés. Les oligosaccharides sont également favorables à la prolifération bactérienne, compte tenu de leur qualité fermentescible. En cas de sensibilité gastrique, trop de légumineuses comme les petits pois ou les pois chiches ; de légumes dont les poireaux, la betterave ou l’ail ; de céréales de blé… peuvent favoriser le développement du SIBO. Enfin, la plupart des aliments transformés sont très fermentescibles et peuvent favoriser l’augmentation bactérienne.
D’autres causes directes ou indirectes, peuvent être énumérées parmi les origines du SIBO. On notera, entre autres, une mastication insuffisante laquelle favorise l’arrivée d’aliments peu découpés au niveau de l’intestin grêle, et donc inaccessibles à l’action des enzymes digestives. Insuffisamment dégradés durant le processus de digestion, ces aliments sont difficilement assimilables par l’intestin et se transforment en substrat pour les bactéries déjà présentes. Des opérations chirurgicales (notamment gastro-intestinales ou gynécologiques) peuvent également modifier la motricité intestinale et favoriser le SIBO. Une toxicité dans l’alimentation, associée à la présence de pesticides ou d’additifs alimentaires, l’âge, une consommation excessive d’alcool et de café peuvent, enfin, irriter les parois intestinales et favoriser la pullulation microbienne au niveau du grêle.
Quelles sont les causes du SIBO ?
- Stress chronique et répété qui entraîne hypothyroïdie et/ou altération du complexe migrant moteur
- Mauvaise mastication
- Alimentation inadaptée trop riche en café, alcool, épices et entraînant une hypochlorhydrie
- Utilisation de médicaments comme les antibiotiques et les IPP
- Manque de sucs gastriques et d’enzymes digestives
- Manque d’activités physiques
- Maladies inflammatoires chroniques de l’intestin
- Intoxication alimentaire
Quelles sont les conséquences du SIBO ?
- Carences nutritionnelles
- Baisse du système immunitaire
- Candidose
- Perte de poids
- Troubles du métabolisme et de la thyroïde
- Prise de poids
- Grande fatigue
- Perméabilité intestinale
- Allergies et intolérances
- Douleurs articulaires
- Toux chronique persistante
Les facteurs causaux ou aggravants du SIBO sont très diversifiés. Les symptômes, quant à eux, peuvent être associés à d’autres pathologies rendant souvent le SIBO difficilement identifiables. Tout comme le SIFO (Small Intestinal Fungal Overgrowth) qui est une prolifération excessive de champignons dans l’intestin grêle, souvent à Candida, à l’instar de la candidose que l’on peut retrouver ailleurs dans l’organisme, et souvent dans l’intestin et le côlon. Qu’elle soit Fongique (SIFO) ou Bactérienne (SIBO), ces affections de l’intestin grêle affaiblissent le système immunitaire.
Comment diagnostiquer un SIBO ?
Encore très peu connu en France, le SIBO est très mal diagnostiqué par le milieu médical. Depuis quelques années toutefois, et grâce à des ouvrages best-seller comme « Le charme discret de l’intestin » de Giulia Enders ou « A fleur de pets » de Dora Moutot, les français découvrent cette pathologie handicapante, et finalement plus répandue qu’on ne le pensait. Il est maintenant possible de trouver de plus en plus d’informations en français alors que jusqu’à il y a peu, elles étaient uniquement en anglais. En effet, aux USA, le SIBO est déjà beaucoup plus connu et soigné par de nombreux médecins ou naturopathes formés et spécialisés dans cette pathologie.
La difficulté du diagnostic du SIBO réside aussi dans le fait que les symptômes sont la plupart du temps, confondus par encore un trop grand nombre de médecins, avec les troubles du Syndrome du Côlon irritable (SCI) ou de l’intestin irritable (SII) et les colopathies, mais aussi la maladie coeliaque ou l’intolérance au lactose. Malheureusement, cette méconnaissance du sujet amène de trop nombreux patients avec cette maladie chronique dans l’errance médicale avec autant de souffrance physique que psychologique, quand ceux-ci ne sont pas tout simplement renvoyés chez eux avec le tristement trop entendu « c’est dans votre tête, ma p’tite dame » et une ordonnance pour des antidépresseurs…
Malgré tout, il existe en France de nombreux services d’hépato-gastro-entérologie en hôpital qui connaissent bien cette pathologie, et qui sont également équipés d’une machine permettant d’identifier les espèces bactériennes en présence, par l’analyse des gaz respiratoires grâce à des tests poussés. Cette machine est fabriquée par la compagnie Quintron, et est une des seules à véritablement détecter les gaz en présence, de manière plus ou moins fiable avec une grande sensibilité et dont la méthode et l’analyse sont validées par les consensus internationaux.
Dans le doute, vous pouvez estimer la possibilité d’un SIBO grâce au questionnaire à télécharger ICI. Toutefois, il ne suffira évidemment pas à diagnostiquer un SIBO, mais pourra permettre d’évaluer la probabilité d’un SIBO, puis d’aller consulter un médecin pour pratiquer le test des gaz respiratoires qui posera un réel diagnostic.
Pour pouvoir bénéficier de ce test, il y a 3 possibilités plus ou moins fiable, plus ou moins précise :
- Solution la moins onéreuse : demander une prescription à votre médecin traitant et prendre rdv avec un CHU qui pratique ce test avec la machine adéquate. Inconvénient de cette solution : le temps d’attente pour cette solution peut être très long en fonction du CHU, et il n’est pas rare d’avoir un rdv à plus d’un mois. Avantage : vous n’aurez rien à débourser, car le test est entièrement pris en charge par la Sécurité Sociale avec votre ordonnance. En France, vous pouvez contacter le labo Cerballiance Montparnasse à Paris et le labo Alphabio à Marseille, vous serez remboursé avec une ordonnance pour un test sur place.
- Solution la plus rapide : pratiquer le test à la maison. Vous pouvez pour cela vous orientez vers un laboratoire privé équipé également de la machine Quintron. Il vous en coûtera entre 75 et 150€ et vous devrez procéder vous-même au recueil de vos gaz expirés dans des tubes, pour les envoyer ensuite par la poste au laboratoire choisi. Sur internet vous avez Sibolab, Sibocheck ou Drgut en Allemagne, en moins onéreux Teletest ou Centro Diagnostico Calderon en Espagne, mais également d’autres laboratoires en Europe ou en Angleterre qui proposent des kits de prélèvements à domicile. (depuis la mi-août 2022, le kit peut être commandé au laboratoire Ahpabio de Marseille avec une ordonnance du médecin, le reste à charge est de 40€, sinon vous devrez débourser entre 70 et 90€ sans ordonnance)
- Solution la moins précise : le test des métabolites organiques urinaires (ou M.O.U) bactériens qui analyse indirectement la présence excessive de certains types de bactéries en dosant les métabolites issus de la dégradation de certains nutriments par ces bactéries. Ce test se pratique dans certains laboratoires comme Lims en Belgique (le test s’appelle DMI), le laboratoire Bio Avenir (anciennement Barbier), Synlab ou Cerba en région parisienne.
Dans les deux premiers cas de test respiratoires SIBO, il sera très important de respecter une préparation alimentaire et digestive pendant quelques jours avant le test (entre 1 et 3 jours en général) ainsi qu’un jeûne de 12h avant la prise des gaz, pour faire en sorte que les résultats du test soit le plus fiable et le plus précis possible. On n’utilisera pas non plus de dentifrice avant de faire le test et on se contentera de se brosser les dents à l’eau uniquement. On fera le test également 1 mois après la prise d’antibiotique ou antibactériens et on n’arrêtera toute prise de compléments alimentaires 15 jours à 1 semaine avant. Pour cela, je vous invite fortement à vous rapprocher de votre naturopathe pour vous aider à bien appliquer cette préparation.
Le lactulose est le plus souvent utilisé lors de ces tests, mais à la demande il sera possible de faire un test au glucose ou au lactitol, en fonction de la demande du patient et du médecin prescripteur (particulièrement en cas de diabète si le substrat proposé est le glucose). Pour une meilleure interprétation, je recommande de choisir le lactulose.
Quels sont les résultats permettant d’objectiver un SIBO ?
En fonction des résultats des différents tests et analyses, si ceux-ci confirment un SIBO, vous pourrez vous trouvez dans une des situations suivantes :
- A dominante Hydrogène (H2)
- A dominante Méthane (CH4)
- A dominante Sulfure d’hydrogène (H2S) par absence ou bas niveau de gaz H2 et CH4 dans les résultats
Les 2 premières sont les situations les plus souvent rencontrées et la toute dernière est moins souvent rencontrée (aussi parce qu’elle n’est pas triviale à détecter, en tout cas en Europe…). Cependant, il faudra noter que la 3ème est la plus agressive pour les muqueuses et tout le système digestif, et peut également entraîner une candidose qu’il faudra donc aussi traiter, ainsi que de fortes carences.
Les SIBO à dominante méthane sont souvent liés à de la constipation et des gaz odorants.
Suite aux résultats,votre praticien spécialisé et formé au SIBO, pourra vous proposer le protocole le plus adapté à votre situation, que ce soit d’un point de vue des principes actifs antibactériens ou antifongiques et des solutions de réparation de la fonction gastrique, que du point de vue de l’alimentation spécifique qu’il/elle vous proposera. Mais son rôle s’attachera surtout à identifier avec vous, les causes de votre SIBO et à les traiter pour ainsi éviter les rechutes qui sont malheureusement monnaie courante, en particulier quand la prise en charge est médicale (avec antibiotiques uniquement sans autres conseils).
Les traitements allopathiques
En ce qui concerne, le traitement que pourra vous prescrire votre médecin (compétent en SIBO), il s’agira surtout d’antibiotiques et/ou d’antiparasitaires. Ceux qui reviennent le plus souvent et qui semblent efficaces d’après les études sont la rifaximine (basée sur la rifamycine), le métronidazole en présence de méthane (Flagyl). Attention ce dernier serait inefficace pris seul. Il devrait être impérativement associé à la Rifaximine), la néomycine, voire l’amoxyciline (ne fait pas partie des directives cliniques officielles et cause beaucoup plus de dommages au microbiote que les précédents). Les traitements durent en général 10 à 15 jours et les personnes ressentent du soulagement assez rapidement. L’inconvénient, c’est que le répit est souvent de courte durée et il y a de nombreuses récidives. Enfin, n’oublions pas non plus, que tout médicament n’est pas anodin et possède des effets secondaires que nous ne retrouvons pas avec les principes actifs naturels, s’ils sont correctement utilisés, comme nous le verrons plus bas.
Ensuite, on regrette aussi l’absence de traitement de la source du problème comme on l’a vu plus haut. Les causes sont variées et si l’on ne résout pas la ou les causes initiales (mauvaise vidange gastrique, stress, mauvaise mastication, alimentation déséquilibrée,…), le SIBO peut être amené à réapparaître très facilement. Il faut savoir que dans 75% des cas le SIBO est chronique et qu’une rechute est possible au bout d’un certain temps de rémission (souvent 2 à 3 mois). On comprend pourquoi traiter les symptômes ne suffit pas.
En parallèle, un régime restrictif pauvre en FODMAPs est quasi systématiquement proposé, sauf dans le cas du SIBO à H2S (sulfure d’hydrogène) où l’alimentation devra au contraire, être riche en fibres et pauvre en graisses et viandes animales, pour éviter le développement de ce gaz par les bactéries en excès du type Desulfovibrio ou Bilolphila wadsworthia.
Pour ma part, je trouve ce régime beaucoup trop restrictif et surtout sujet à carences, et je ne le conseille qu’en début de protocole pour une durée maximale de 8 semaines (en général 6 semaines), le temps de réparer au maximum et de relancer les fonctions en défaut, et qui sont en cause du développement du SIBO. Ensuite, quand la personne est déjà bien soulagée, elle va pouvoir très progressivement réintroduire les FODMAPs dans son alimentation tout en continuant le protocole.
Les solutions naturelles contre le SIBO
Du côté des solutions naturelles, nous avons de nombreux principes actifs et outils qui peuvent permettre de traiter naturellement et plus ou moins rapidement, ce déséquilibre du microbiote intestinal.
Comme on l’a vu plus haut, il sera intéressant de pratiquer une alimentation particulière qui sera équilibrée, mais peu fermentescibles au départ. Et pour cause, le travail de fermentation des aliments doit se faire au niveau du côlon et non dans l’intestin grêle. Pour éviter de nourrir ces bactéries responsables du SIBO, il conviendra de manger temporairement moins de légumes riches en fibres, mais aussi moins de féculents ou de fromages. A la place, on privilégiera des légumes faibles en oligosaccharides, dont les carottes et le céleri, les poissons, les œufs et les viandes non industrielles, et les fruits rouges pauvres en sucre, et ce, le temps de rétablir le microbiote intestinal.
Parmi les régimes à préconiser figure notamment le FODMAP. Initié par la nutritionniste Sue Shepard, ce régime fortement plébiscité en cas de syndrome de l’intestin irritable (SII), vise à privilégier les repas sans glucides fermentescibles. Signifiant « Fermentescibles, Oligosaccharides, Disaccharides, Monosaccharides, And Polyols », une alimentation pauvre en FODMAP réduit considérablement la prolifération des bactéries et des champignons au niveau de l’intestin grêle, et favorise le confort digestif. Bien entendu, ce régime n’est pas définitif et une réintroduction progressive de ces aliments est à prévoir dès que possible, et aussitôt que l’équilibre intestinal est rétabli.
Toutefois dans le cadre de mon accompagnement, et étant formée par une médecin américaine, je fais en général pratiquer en lieu et place du régime FODMAPs, le régime bi-phasique conçu par le Dr Allison Siebecker, adapté à la personne en cas de sensibilité ou intolérance (histamine, salicylates, etc…). Il sera un peu plus précis et spécifique du SIBO en présence, et il peut y avoir des exceptions et des adaptations. Par exemple, en cas de SIBO H2S, on préconisera un régime Low Sulfur (pauvre en aliments riches en soufre ou sulfites ou sulfates ou en acides aminés soufrés) et riche en fibres, plutôt que le régime bi-phasique. Vous l’aurez compris le SIBO est une pathologie complexe à diagnostiquer et à traiter, donc attention à l’auto-traitement si vous ne savez pas dans quel type de SIBO vous êtes.
En général, et en fonction du praticien, les étapes de réparation et du protocole se présentent souvent dans l’ordre qui suit :
Réparer les muqueuses intestinales
On s’attachera au plus vite à réparer et restaurer le mucus et l’imperméabilité intestinale tout en traitant l’inflammation des muqueuses. Et pour cela, vitamine D, curcuma (pas forcément en 1ère intention quand il y a une sensation de brûlure digestives, et n’est pas compatible en cas d’intolérance à l’histamine), boswellia serrata, Zinc-L-Carnosine, L-glutamine, L-Methionine, Zéolite en poudre, mais particulièrement le gel d’aloe vera, bourgeons de Figuier et de Noyer ou mastic de chios vont être les principaux outils affectés à cette tâche importante et primordiale.
Assainir le microbiote intestinal
La phytothérapie trouve une place de choix dans le traitement du SIBO. On privilégiera notamment des plantes anti-microbiennes et anti-fongiques, comme l’ail par exemple, surtout pour le SIBO à dominante de méthane. Les huiles essentielles de coriandre, de menthe poivrée, de carvi, de lavande vraie, d’origan, de thym, de clou de girofle, sont également appréciées pour leurs qualités anti-bactériennes et anti-fongiques. A noter toutefois que, bien que très puissantes et efficaces, ces huiles essentielles peuvent affecter les muqueuses gastriques et intestinales et qu’il est vivement recommandé de ne pas se lancer seul dans leur utilisation.
En cas de SIBO, il est préférable d’opter pour des gélules gastro-résistantes, ou sous forme d’huile essentielle émulsifiée ou intégrée à certains compléments. De plus, les cures de compléments à base d’HE doivent être impérativement de courte durée (maximum une dizaine de jours), avec un renouvellement si besoin, pour éviter que le traitement altère le processus digestif et n’impacte trop le foie. L’extrait de pépins de pamplemousse, les plantes riches en berbérine (également efficace contre les biofilms) dont l’épine-vinette, le Neem, l’Origan, l’acide caprylique, la menthe, la sarriette, l’origan, le lapacho, la grenade et le thé vert, sont autant de pistes pour assainir la flore intestinale et entretenir les bonnes bactéries, mais également l’argent colloïdal.
Contre les gaz et les flatulences, on privilégiera la chlorophylle ainsi que des plantes carminatives comme la mélisse, le basilic ou la menthe poivrée.
On fera également en sorte d’avoir une bonne hygiène intestinale (tant qu’il y aura une constipation chronique, cela ne favorisera pas une flore intestinale saine, par exemple). Pour toute constipation chronique, il sera impératif de travailler sur la racine du problème (nerf vague, médicaments, stress, …).
Réparer la fonction gastrique
En ce qui concerne, le traitement de la mauvaise vidange gastrique qui entre en jeu dans l’apparition du SIBO, il ne faudra surtout pas oublier de s’attaquer à la relance gastrique et à réguler le Complexe Moteur Migrant grâce à l’utilisation de plantes prokinétiques, c’est-à-dire stimulant l’avancée du bol alimentaire dans le système digestif, telles que le gingembre, le fenouil, la mélisse, l’angélique, la camomille, la verveine,… Cette phase est très importante pour éviter le plus longtemps possible, les rechutes.
Restaurer une flore intestinale saine
Bien sûr, in fine, il sera intéressant de restaurer et d’entretenir une bonne flore intestinale grâce à des probiotiques mais, attention, ceux-là ne devraient jamais être donnés en première intention d’un SIBO, avant d’avoir éliminé la prolifération bactérienne. Toutefois, dans ma pratique, je suis amenée à utiliser des souches unitaires très spécifiques et intéressantes dans l’accompagnement du SIBO pour leur propriétés contre la constipation (lactobacillus reuteri DSM17938, Bifidobacterium Lactis HN019,…), en cas de perméabilité intestinale (lactobacillus rhamnosus GG, ) ou en cas de spams et sensibilités abdominales (Lactobacillus plantarum 299V), entre autres exemples.
Renforcer le système immunitaire
Ceci dans le but d’empêcher toute récidive et surtout de renforcer le système immunitaire. Celui-ci pourra également être amélioré grâce à la vitamine D en hiver, le Zinc, des principes actifs naturels immunostimulants (Echinacée, Lapacho, …) ou immuno-modulants (Reishi, Shiitake, …) en particulier pour les personnes pour lesquelles les substances immunostimulantes sont contre-indiquées (maladies auto-immunes, greffes d’organes, thyroïde, prise immunosuppresseurs…)
Améliorer son hygiène de vie
Enfin d’autres outils utiles et nécessaires sont à privilégier en cas de SIBO. Cela concerne notamment la pratique d’une activité physique régulière, laquelle agit sur la motilité du système gastro-intestinal et facilite le processus de vidange de l’estomac. La méditation, l’hypnose ou le yoga, permettent, quant à eux, de mieux gérer le stress, et d’accompagner toutes les démarches thérapeutiques et nutritionnelles déjà acquises.
Manger de manière adaptée
En dehors des aliments que nous prendrons le soin de bien sélectionner pour avoir une alimentation équilibrée et saine, il s’agira aussi de penser à manger dans le calme, éviter le stress, de manger des plus petits repas, et surtout et avant tout, de mâcher correctement et longuement.
Bien sûr, votre naturopathe sera là pour vous accompagner sur le traitement de fond qui est en cause dans l’apparition de votre SIBO. Parfois, cela peut même remonter à l’enfance, voire à la naissance. Sans cet accompagnement de fond, la durabilité des résultats ne peut être garantie. On peut traiter les symptômes et vous serez déjà soulagé(e) de troubles que vous aviez parfois depuis de nombreuses années, mais l’accompagnement vous permettra surtout de comprendre votre histoire personnelle qui a amené à cette condition de SIBO, et vous permettra de prévenir toute récidive en toute connaissance de cause.
En tout état de cause, le traitement d’un SIBO durera plusieurs mois et devra être établi par phases. Il n’est absolument pas question de prendre des tonnes de compléments alimentaires en même temps, et le problème devra être abordé en différentes étapes en fonction de votre situation.
Se jeter sur des antimicrobiens, tout aussi naturels qu’ils soient dès le départ, sans travailler sur la digestion et la cause du SIBO, est contre-productif et souvent inefficace, surtout sur le long terme.
Traitement de fond
Dans ma pratique, j’utilise également la gemmothérapie que je trouve très efficace pour aborder les traitements de fond des troubles à l’origine des pathologies développées. Dans le cas du SIBO, on aura un grand bénéfice à utiliser les bourgeons de Figuier, Airelle et Aulne pour la fonction digestive par exemple, mais également Noyer pour la perméabilité intestinale.
Prenez-soin de vous.